Sainte-Chapelle : le royaume de la lumière

Si vous aimez les vitraux, rendez-vous à la Sainte-Chapelle. Construite par Saint Louis pour y vénérer des reliques de la Passion du Christ, elle est un formidable témoignage sur cet art de la lumière, qui atteint ici, au XIIIe siècle, son apogée.

Bouche bée : c’est l’expression la plus répandue sur les visages des visiteurs de la Sainte-Chapelle quand ils pénètrent dans la partie haute de l’édifice.

Il faut dire que rien ne les prédispose à une telle surprise : ni le gris austère des bâtiments du Palais de Justice devant lequel il faut patienter avant de renter, ni le plafond bas de la chapelle basse, qui le fait plutôt ressembler ç une crypte. La surprise, bien sûr, ce sont les vitraux.

Imaginez plus de 600 m² de verrières, dont les plus hautes s’élancent à 15 mètres. On se sent comme aspiré par le ciel. La Sainte-Chapelle fut édifiée par Sain Louis pour abriter les reliques de la Passion du Christ, qu’il avait achetées une fortune à l’empereur de Byzance, Baudouin II. Un acte politique autant que religieux : nous sommes à la veille de la septième croisade et Louis IX veut asseoir la suprématie de son royaume à la tête de l’Occident avant de partir en guerre.

Le plan du sanctuaire est celui des chapelles palatines, à l’image de celle d’Aix-la-Chapelle, bâtie par Charlemagne : un vaisseau unique avec quatre travées et un chevet à sept pans.

 

La chapelle comprend deux niveaux, la supérieure est réservée au roi et à ses invités, avec un accès de plain-pied depuis les appartements royaux ; l’inférieur est le domaine des serviteurs et des soldats, ce qui explique sa hauteur sous plafond plutôt réduite.

Elle a été construite sans arc-boutant, remplacé par un système de barres de fer et d’un chaînage qui la ceinture comme un corset. C’est une véritable prouesse technique pour l’époque, et qui lui donne cette légèreté incroyable. Cette sensation est accentuée par la flèche, qui culmine à 75 mètres. Elle a été reconstituée au XIXe siècle sur un modèle du XVe siècle. C’est son cinquième depuis l’origine.

Puisque la chapelle haute devait accueillir la Couronne d’épines et un fragment de la Vraie croix, elle a été décorée comme une châsse géante dont les vitraux sont le plus bel ornement.

Ils racontent l’Ancien Testament au nord et au Sud, et le Nouveau Testament dans l’axe de la nef. Ils se lisent de bas en haut, et de gauche à droite. 1 113 panneaux, déclinés sur 15 baies : une bande dessinée géante auc allures de propagande où les rois de France sont représentés comme les descendants des rois hébreux. A l’image de Saint Louis en armure qui monte un cheval blanc sur la façade sud .

Un conseil : venez avec des jumelles, elles vous seront utiles pour les baies les plus élevées… Près de deux tiers des vitraux sont d’origine : la Sainte-Chapelle est un témoignage unique sur l’art du vitrail au XIIIe siècle. Depuis 2008, ils sont restaurés par les ateliers Claire Babet, installés près de Chartres. Un travail colossal qui ne prend fin que maintenant : les verres ont été datés, nettoyés couche par couche, certains recollés.

La Sainte-Chapelle n’en est pas à son premier chantier. En 1840, commença la restauration, notamment par Viollet-le-Duc, qui devait redonner au lieu son apparence médiévale. Elle dura 30 ans, l’un des plus importants de l’époque, et épuisa trois architectes.