Les trésors des serres d’Auteuil

En 1761 déjà, Louis XV avait fait aménager ici un jardin botanique. Un peu plus d’un siècle plus tard, on décide d’y transférer « le Fleuriste de la Muette », une structure ouverte en 1855 à Passy pour répondre aux besoins horticoles des parcs et jardins de Paris, et qui a vite été dépassée par la demande : sous le second Empire, les jardins naissent comme la rosée sous les doigts de la nuit…

La création de ce nouveau « Fleuriste municipal » capable de fournir à lui seul toutes les plantes d’ornementation des jardins et mairies de la Ville va durer de 1895 à 1898, mais le résultat sera à la hauteur des attentes. Maître d’oeuvre de l’ensemble des serres et jardins, Jean-Camille Formigé, architecte en chef du Service des promenades et plantations, imagine un vaste parterre à la française ; sur lequel dorment cinq serres principales, dont la grande serre, grandiose édifice de verre et de métal de 100 mètres de long, 15 mètres de large et 16 mètres de haut. Le parc s’étend alors sur 9 hectares.

 

Sous le dôme de la grande serre, l’atmosphère tropicale du palmarium favorise le déploiement d’une masse végétale luxuriante qui ne se compose pas seulement de variétés de palmiers, mais aussi de beaux spécimens de ficus, de cycas, de pandanus de Madagascar… Non loin d’un imposant palmier des Canaries, des carpes Koï – trésors nationaux du Japon – évoluent dans les eaux d’un beau bassin, tandis que des mandarins, des paddas de Java et d’autres oiseaux exotiques s’ébattent dans la grande volière.

Devant l’entrée de la grande serre, une fontaine installée au bout du tapis vert de la pelouse, s’orne d’un superbe haut-relief sculpté par Jules Dalou. Cette scène bacchique, plus souvent appelé Triomphe de Bacchus ou Bacchanale, illustre à merveille en ce lieu enchanteur, la victoire éclatante des forces vives de la nature.

Le mur de soutènement de la terrasse du jardin des serres d’Auteuil s’orne d’une série de quatorze mascarons en fonte galvanisée, provenant de l’atelier du sculpteur Auguste Rodin et peut-être dus au maître lui-même.