Le square Louis-XIII

Paris sort du cauchemar des guerres de Religion quand Henri IV crée la place royale, future place des Vosges. À dix ans, son fils Louis XIII inaugurera pour ses fiançailles le « square » central qui portera son nom. Une fête grandiose, bien digne de ce cadre !

Tout part d’un accident mortel. Henri II reçoit un coup de lance dans l’œil au cours d’un tournoi, le 30 juin 1559, à côté de l’hôtel des Tournelles, et meurt dix jours plus tard. Catherine de Médicis, prend aussitôt l’hôtel en horreur. Dès lors, celui-ci est voué à être rayé de la carte.

C’est en ce lieu qu’Henri IV décide d’édifier une place d’apparat vraiment royale. Les lettres patentes de juillet 1605 signent l’acte de naissance de ce vaste « promenoir pour les habitants de notre ville, lesquels sont fort pressés en leurs maisons. »

Le rendez-vous des beaux esprits

Le roi a vu grand. Il y a de quoi se promener dans ce rectangle de 127 mètres sur 140 mètres de côté qui devient la plus élégante place de Paris, bordée d’hôtels à arcades – un fleuron de l’architecture classique ! Le centre de la place, lui, reste dégagé afin de servir de champ clos aux carrousels, dont le plus grandiose célèbre les doubles fiançailles de Louis XIII et de sa sœur Élisabeth de France avec Anne d’Autriche et l’infant d’Espagne – futur Philippe IV -, les 5, 6 et 7 avril 1612.

Une statue équestre en bronze de Louis XIII trônera en ce lieu qui va devenir le rendez-vous à la mode des beaux esprits et des précieuses. Fondue à la Révolution, la statue ressurgira à la Restauration sous forme d’une copie en marbre due à Jean-Pierre Cortot.

Le nom de place Royale, lui , finira par s’éteindre : en 1800, Napoléon l’a changé en place des Vosges en hommage au premier département à s’être acquitté de l’impôt.

Tilleuls, ormes et marronniers

Vers 1840, les tilleuls de l’Ancien Régime font place à des ormes en même temps que s’installent les quatre fontaines qui y sont toujours, et sont alimentées par l’Ourcq. Dans le cadre de la rénovation du jardin en 1976, les ormes sont à leur tour remplacés par des marronniers d’Inde, eux-mêmes entourés par plus de cent cinquante tilleuls de Crimée.

Des bancs et des pelouses, on a une vue incomparable sur les voûtes quatre fois centenaires qui restent éternellement attachées à Mlle de Scudéry, la marquise de Sévigné, la tragédienne Rachel, Victor Hugo…

Si ces riverains illustres sont passés au rang des ombres, ce majestueux jardin au cœur du marais n’en reste pas moins, comme l’écrit l’historien Claude Vallée, « une jeune rose éternellement éclose, qui fleur les plus anciennes vertus. »