Sacré-Coeur, une basilique à Montmartre

Comme la tour Eiffel, elle symbolise Paris. Décidée sur le lieu du martyre de Saint Denis, la construction du Sacré-Cœur, entre 1875 et 1914, fait suite à un vœu de la nation au Sacré-Cœur de Jésus.

On soupçonna ses initiateurs de vouloir expier l’esprit de la Commune et même de la Révolution. Aujourd’hui, la basilique du Sacré-Coeur a retrouvé la sérénité et accueille près de onze millions de visiteurs par an.

Difficile d’échapper à la vue de la basilique du Sacré-Cœur, cette « masse crayeuse, écrasante, dominant ce Paris d’où est partie la Révolution« , comme le décrit Emile Zola.

L’auteur de Germinal n’était pas tendre avec elle : comme d’ailleurs beaucoup de Montmartrois et d’anticléricaux quand, en 1873, fut voté par l’Assemblée nationale, la construction d’une basilique expiatoire, vouée au Cœur de Jésus.

On dit souvent que c’était pour expier l’insurrection que fut la Commune, oubliant que les initiateurs du projet s’étaient déjà fait entendre en 1870, un an auparavant : on était alors en pleine guerre, et Paris menacé.

Une basilique donc, pour sauver Paris ?

[alert-announce]Si on sort du contexte politique de l’époque, la basilique ne mérite pas tant d’acrimonie ! [/alert-announce]

A bien la regarder, elle apporte même une note d’exotisme plutôt bienvenue dans un Paris devenu très haussmannien : ses coupoles, ses clochetons, son lanternon aux allures de minaret, cela ne vous rappelle pas un peu la Sainte-Sophie d’Istanbul ?

Telle était bien l’intention de son architecte, Paul Abadie, surfant sur la vague du romano-byzantin alors à la mode : il s’inspira d’ailleurs de la cathédrale Saint-Front de Périgueux, dont il avait assuré la restauration.

Depuis le parvis, la vue sur Paris à vos pieds est déjà un sujet de satisfaction. Avant de pénétrer dans la basilique par les portes de bronze, jetez un coup d’œil sur le porche : il est surmonté par deux statues à cheval, Saint Louis présentant la couronne d’épines du Christ et Jeanne d’Arc.

 La lumière pénètre à flots dans l’édifice dont les vastes proportions ajoutent au côté spectaculaire. Très vite, l’œil ne voit qu’elle : la coupole, surmontée d’une gigantesque mosaïque.

Un christ en gloire, bras écartés, dont le cœur resplendit d’or, et à ses pieds, occupés à le glorifier, Jeanne d’Arc et saint Michel. Ils sont entourés de personnages plus petits, une technique typique de l’art byzantin qui attribue des tailles différentes selon la place occupée dans la hiérarchie céleste.

L’ensemble recouvre 475 m² d’un seul tenant, ce qui en fait l’une des plus grandes mosaïques au monde.

En dessous, une frise rappelle le vœu national : » Au sacré cœur de Jésus, la France fervente, pénitente et reconnaissante« .

Regardez les stalles du chœur, décorées de figures de prophètes ; il a fallu 37 essences différentes pour composer les visages et silhouettes, noir de l’ébène, vert du tulipier, rouge de l’acajou ou de l’alizier, jaune du citronnier. Un travail de marqueterie véritablement exceptionnel.

Une porte sur le bas-côté ouest conduit à la crypte. Ici, finies les fioritures et les décorations ostentatoires.

Des voûtes pures, un vaste déambulatoire qui fait le tour de la chapelle de la Piéta, des grandes statues de pierres qui évoquent saint Denis, sainte Geneviève, saint Ignace de Loyola… L’ensemble est sévère et se prêtent aux processions qui ont lieu régulièrement.

Enfin, les plus courageux s’offriront une montée dans le ciel de Paris. On compte 300 marches pour grimper dans le dôme, jusqu’à la galerie des colonnes.

Une fois là-haut, prenez votre temps : tous les monuments de la capitale sont là sous vos yeux.