Saint-Julien-le-Pauvre

On la dit la plus vieille église de Paris. À l’ombre de Notre-Dame, cachée dans un petit square, Saint-Julien-le-Pauvre joue la discrétion. Elle est aussi l’une des très rares églises catholiques orientales de France.

 

Vous qui passez sans me voir….

L’église Saint-Julien pourrait interpeller le passant avec ces paroles de Charles Trenet. Il faut dire que Notre-Dame sa voisine lui fait de l’ombre. Elles sont contemporaines, bâtie en 1170 pour Saint-Julien à l’emplacement d’un édifice plus ancien détruit par les Normands au IXe siècle. On dit même qu’elle aurait été construite avec ces pierres refusées pour Notre-Dame.

Dans la rue du même nom, une façade classique, sobre, presque terne, pas de clocher : Saint-Julien n’a rien pour attirer le regard, excepté un pan de mur roman avec des restes de chapiteaux, sans doute le souvenir d’un prieuré.

Devant tant d’humilité, difficile d’imaginer que l’église eût son heure de gloire : dès le XIIIe siècle, avec la création de l’Université de Paris, elle devint un des hauts lieux intellectuels du Quartier Latin. Dante, Villon, Rabelais et Pétrarque l’ont fréquentée.

Poussez la porte : la nef est romane, la décoration d’une grande sobriété. La surprise vient de la superbe iconostase qui sépare la nef du chœur : l’église est vouée depuis 1889 au culte grec catholique melkite, église d’Orient qui dépend du patriarche d’Antioche. Réalisée par un artiste de damas en 1890, l’iconostase est en bois marqueté, décorée de scènes de l’Évangile, des figures du Christ, de la Vierge, de saint Jean Chrysostome.

Est-ce la pénombre réchauffée par la douceur des icônes, les parfums d’encens ? Il règne à Saint-Julien-le-Pauvre une atmosphère intime et douce, qui donne envie de s’y asseoir un moment. Assister à un concert est un privilège.