Musée d’Orsay : le XIXe siècle triomphant

Né dans les entrailles d’une gare, le musée d’Orsay a bien pris le train en marche : il s’affiche désormais comme un des préférés des touristes, une des perles de la rive gauche.

Son succès est grandissant : 2,2 millions d’entrées dans les années 1990, 3,5 millions en 2012. Autant dire qu’il faut vous armer de patience pour rentrer dans ce temple de l’art du XIXe siècle : évitez le mardi, jour de fermeture des autres musées parisiens, préférez le mercredi ou le vendredi, et ce dès l’ouverture, vous aurez moins de monde devant les œuvres.

Une fois les caisses franchies, partez pour un fabuleux voyage dans les collections qui font d’Orsay un des plus beaux musées du monde : Monet, Renoir, Courbet, Cézanne, Caillebotte, Pissarro, Van Gogh, ils sont tous là ! Sans oublier la sculpture, représentée par Carpeaux, Pompon, Maillol, Rodin, Claudel, Bourdelle ou Bartholdi, la photographie, l’architecture ou les arts décoratifs. Au total 3 000 œuvres exposées sur les 150 000 en réserve, représentant tous les courants du XIXe siècle : symbolisme, impressionnisme, orientalisme, naturalisme, les romantiques, l’école de Barbizon.

Un musée au superlatif, à l’image de son hall de gare, transformé en nef de l’art : 138 mètres de long sur 32 de haut, dans un écrin de 35 000 m² de verrières et parois vitrées. Sur les côtés, disposées comme des chapelles latérales, des petites salles présentent les œuvres par école ou par thème. La galerie supérieure, elle, est entièrement consacrée à l’impressionnisme. Dans les salles du niveau médian, des rendez-vous incontournables avec l’art nouveau, les Nabis, Gauguin et Van Gogh.

Au rez-de-chaussée, situées de part et d’autre de la nef centrale, ne ratez pas les premières salles, rénovées et baptisées « salles Luxembourg » : un hommage appuyé au palais du Luxembourg qui fut, de 1818 à 1937, musée des artistes vivants. Il abrita jusqu’à la création du musée d’Art moderne au palais de Tokyo des œuvres commandées ou achetées par l’Etat à des artistes vivants ou morts depuis moins de 10 ans.

De nombreux artistes, peintres ou sculpteurs, rêvaient d’y voir leurs œuvres accrochées, première marche avant la grande consécration : le Louvre. Les heureux élus s’appelaient Delacroix, Moreau, Rodin. Parmi les recalés, Courbet, Van Gogh ou Gauguin, qui par mépris ou dépit disaient du musée du Luxembourg :  » Vaste prison, lupanar obligatoire« .

Désormais, tout ce beau monde cohabite sur les cimaises rouges du musée d’Orsay.

De la gare au musée :

C’est en 1900 pour l’Exposition Universelle que fut inaugurée la gare d’Orsay, construite par l’architecte Victor Laloux. Une relative prouesse, compte tenu de l’élégance du quartier et de la proximité du Louvre. Victor Laloux choisit donc de masquer les structures métalliques de l’extérieur par une façade de pierre plus noble.

Terminal des lignes du Sud-ouest, la gare fonctionna jusqu’en 1939 : ses quais devinrent alors trop courts pour les trains. Elle fut sauvée de la destruction par son inscription à l’inventaire des monuments historiques en 1973. Entre-temps, elle servit de centre d’accueil des prisonniers de la Libération, hébergea un temps la compagnie Renaud Barrault puis les commissaires-priseurs de l’hôtel Drouot pendant sa reconstruction.