L’église du Val-de-Grâce

Située dans le faubourg Saint-Jacques sur l’antique chemin des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’église de l’abbaye royale du Val-de-Grâce est un ex-voto de reine :  Anne d’Autriche décida de l’édifier après la naissance de son fils, le futur Louis XIV. 

En ce début de XVIIe siècle, un renouveau spirituel bouleverse Paris. Sous la conduite du milieu dévot, de grands chrétiens, des professeurs de la Sorbonne, des prêtres zélés, des jésuites et des capucins, de nouvelles institutions émergent dans tous les quartiers de Paris.

Des couvents s’implantent, en majorité sur la rive gauche, en périphérie urbaine, dans les faubourgs Saint-Jacques, Saint-Victor et Saint-Germain, mais aussi, rive droite, au faubourg Saint-Antoine, à Popincourt et dans les quartiers qui s’ouvrent à l’urbanisation. Tous adoptent le modèle architectural importé d’Italie : le plus beau et le plus important de ces couvents, est l’abbaye du Val-de-Grâce, qu’Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, fonde pour des bénédictines en 1621.

Très vite, l’abbaye devient son refuge. En disgrâce auprès de Louis XIII – leur mariage est stérile, leur méfiance, réciproque-, la reine aime s’y retirer, loin du brouhaha du Louvre. Au moins deux fois par semaine, surtout le vendredi, elle vient partager la vie monacale, profiter des conseils spirituels de l’abbesse… et prier pour que Dieu lui donne un fils.

À la gloire de Dieu

Enfin, en 1638, après vingt-trois ans de mariage, naît le Dauphin tant attendu, futur Louis XIV. En 1640 naîtra son frère, le duc d’Orléans. C’est bien évidemment au Val-de-Grâce qu’Anne d’Autriche veut remercier Dieu de lui avoir donné un fils. Devenue régente en 1643, à la mort de Louis XIII, elle peut réaliser son vœu : créer l’église du Val-de-Grâce le plus royal et le plus harmonieux des ex-voto.

Le 1er avril 1645, Louis XIV, pas encore âgé de sept ans, pose la première pierre de la chapelle. L’architecte François Mansart est chargé de la construction de l’église et du palais qui compléteront le couvent. Mais, parce qu’il dépasse les crédits prévus, il est remplacé en 1646 par Jacques Lemercier, auquel succède en 1655 Pierre le Muet, assisté de Gabriel Le Duc.

La nef est achevée en 1662, la coupole un an plus tard. Anne d’Autriche, qui mourra en 1666, n’aura pas le temps de contempler son œuvre dans sa totalité. En 1665, Louis XIV confie à François Anguier et à Philippe de Buyster les sculptures allégoriques du chœur et de la voûte, dont les travaux s’achèveront en 1667. Michel Anguier, lui, s’occupe du groupe de La Nativité destiné à orner le maître-autel de l’église. Le baldaquin dominant l’autel est l’œuvre de Gabriel Le Duc, alors que le Bernin, célèbre sculpteur et peintre italien, avait été au départ pressenti.

Un peu de Rome à Paris

Les Parisiens, en admiration devant cet édifice, s’accorderont à reconnaître que l’église du Val-de-Grâce est un exemple rare et précieux de l’influence baroque italienne à Paris. L’église Saint-Pierre et l’église de Gesù, à Rome, ont inspiré non seulement son ordonnancement extérieur, mais aussi le célèbre baldaquin dominant l’autel – que le Bernin en visite à Paris, ne manquera d’ailleurs pas de critiquer.

Certes, l’édifice n’a pas l’ampleur et les marbres du Vatican, mais cette église et le monastère qui l’entoure constituent le plu bel ensemble conventuel français du XVIIe siècle de Paris. La révolution décidera d’en faire un hôpital militaire, ce qui le sauvera de la destruction, puisqu’il est toujours en activité.